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Du télétravail au travail mobile : remise du rapport de Pierre Morel à L’Huissier

Le député Pierre Morel à L’Huissier vient de remettre au Premier ministre son rapport intitulé Du télétravail au travail mobile : un enjeu de modernisation de l’économie française pour lequel j’avais été auditionné.

Je vous en reparlerai quand je l’aurai lu et je vous engage à le lire aussi. Vous pouvez le télécharger, gratuitement, sur le site de la Documentation française (1,1 Mo au format PDF) et je serais intéressé par vos commentaires.

Un bon point pour le titre déjà : on est vraiment passé au travail mobile. My office is where my laptop is ! (Mon bureau est là où se trouve mon portable » disent les Américains. A condition d’avoir du réseau…

Amusant : nous parlions justement cet après-midi du terme « télétravail » avec Jacques Le Ny, fondateur de Netploy. Nous étions d’accord pour dire que le télétravail était une notion dépassée qui traduit mal les dimensions de mobilité et d’organisation collaborative du télétravail d’aujourd’hui. Travail mobile, e-travail, travail collaboratif seraient peut-être plus adapté. Déjà, c’est un grand progrès sémantique, on ne parle plus de « travail à la maison » qui sentait bon le XIXe siècle !

A propos de dimension collaborative qui enrichit tous ses acteurs, je ne vois pas mention de Miguel Membrado dans les témoins de ce rapport parlementaire. Dommage car il est l’un des rares en France a avoir bâti, avec son associé Bruno de Beauregard, une entreprise de 20 salariés, Mayetic, entièrement organisée en télétravail.

Ce n’est pas un renvoi d’ascenceur (me voilà promu au rang de Mohican) mais une réalité dont je peux témoigner. L’an dernier, lors d’une convention d’entreprises à Nantes, j’animais un atelier « télétravail » dans lequel une de ses salariés avait exposé en détails le fonctionnement de Mayetic et les bénéfices de ce e-travail.

Mayetic n’est plus là pour témoigner mais il existe une relève. Miguel et Bruno sont passés aujourd’hui au e-travail planétaire, l’un depuis la France et l’autre depuis la Californie.

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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7 commentaires

  1. Le jour où la France cessera de polémiquer sur le vocabulaire et acceptera de considérer que le monde du travail a changé sans qu’elle veuille le reconnaître: elle aura franchi une grande étape !
    Les salariés qui dépendent du droit du travail en sont parfaitement plus conscients que leurs managers ou leurs dirigeants. Ces derniers, ancrés dans leurs habitudes et leurs certitudes, ont beaucoup de mal à accepter que leurs subordonnés puissent vivre autrement qu’au son de la voix de son maître dans les couloirs des bureaux traditionnels. Et, quand par hasard, ils ont la chance d’avoir une direction qui a compris que le lieu de travail pouvait évoluer, elle n’a en général pas eu le courage d’aller jusqu’au bout et revoir son organisation avec les partenaires sociaux pour un meilleur profit mutuel des salariés, de la direction et des actionnaires. Où peut mener cette horreur française du dialogue social qui devient complice d’un refus d’anticiper les changements ? Au mur, à l’externalisation, ou à toute autre chose que redoutent les salariés. Donc, ils se taisent et ne demandent surtout pas à pouvoir bénéficier des aspects positifs que pourraient leur apporter les TIC pour un meilleur équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle. Ils ont trop peur d’être marginalisés et personne n’a les moyens d’une telle exclusion dans le monde du travail actuel. Cependant, tout le monde sait qu’une parcelle de choix de vie est un facteur de motivation énorme. Il ne faut pas être scientifique pour le déterminer; mais simplement un humain qui aime son travail et a envie de bien le faire pour être heureux.

  2. Quels lumineux raccourcis qui expliquent que nous ayons adopté ce type d’organisation de travail à distance deux fois moins que la moyenne européenne !

    Merci de ce petit coup de colère Nicole.

  3. Mille fois d’accord… Travailler chez soi n’est pas un truc que les employeurs envisagent aisèment même si nous l’avons fait dès les années 90… Aujourd’hui, je vois plein d’options qui sont refusées par les entreprises sous des pretextes divers (c’est de saison…!).
    Mais n’oublions-pas a contrario que tout le monde n’est pas prêt à bosser chez soi, que c’est une énorme contrainte pour pas mal de personnes…

  4. Merci à vous tous d’apporter un peu de vie au débat sur le télétravail. Il est vrai que le terme est arrivé trop en avance par rapport à la réelle disponibilité des moyens technologiques. Les premiers télétravailleurs ont dû essuyer les plâtres en laissant l’image d’un mode dégradé. Ne dit-on pas encore aujourd’hui, je vais « au travail » et non je vais « travailler ». Cette nuance traduit bien que le simple fait que fouler la moquette légitime bien plus le salaire que le travail effectif dans une économie majoritairement tertiaire.

    Les offreurs de solution ont attendu la marché de la mobilité pour développer de vrais moyens au télétravailleur. Je crois néanmoins que les travailleurs mobiles sont des télétravailleurs moins efficaces que ceux qui ont eu l’audace de rester fixe.

    J’apprécie beaucoup les commentaires de Mme Turbé Suetens qui rend responsable les managers et les syndicats pour protéger leur contrôle du salarié et du statu quo.

    L’avenir est cependant de moins en moins dans l’entreprise et il y a une population capable de changer plus vite, celle des travailleurs indépendants :
    S’ils savent séduire leur client par des tarifs adaptés aux différentes situations sur site ou à distance, ils peuvent faire changer l’état d’esprit, s’ils savent se rendre forts en se regroupant en communautés virtuelles et en villages de télétravailleurs comme en témoigne l’exemplaire Zevillage, alors je crois fermement au fait que le télétravail n’a jamais eu autant d’avenir.

    N’oublions pas par ailleurs toutes les facteurs exogènes qui vont accélérer son développement : le prix et l’impact des transports, le développement du très haut débit, les pandémies. Il n’y a pas lieu d’être pessimiste. Pour que ces dossiers remontent jusqu’au politique, généralement les derniers à bouger, c’est qu’il y a urgence. Le télétravail aura sans doute besoin d’un nouveau terme pour donner l’image du « nouveau » au même titre que la logistique a due être rebaptisée supply chain pour être enfin comprise.

    Je vous invite à créer des Zevillage et à rejoindre le réseau des professionnels de http://www.netploy.com qui croient fermement à l’efficacité du travail à distance.

  5. Merci Xavier de rappeller que Mayetic était précurseur dans ce domaine avec une entreprise e-organisée sans aucun bureau et 23 salariés de 1996 à 2005. Avant la mort de Mayetic, nous étions régulièrement interviewés pour ce genre de rapport, mais on oublie bien vite les morts, et encore plus quand ils sont morts dans des circonstances « étranges » 🙁

    Mais 10 années de travail intense organisées de manière 100% mobile grâce aux nouvelles technologies de communication et de collaboration, ce que l’on commence à appeler ici (aux USA) depuis quelques mois l’Entreprise 2.0, ont une valeur inestimable qu’il faudrait pouvoir préserver. J’espère que nous aurons l’occasion de prendre le temps nous-même de le faire dans les mois à venir.

    En attendant, il était évident pour nous depuis 2000 qu’il fallait changer le terme de télétravail en e-travail, et dans toutes nos interventions nous militions dans ce sens. Car un travailleur mobile peut travailler de n’importe où, que ce soit de chez lui, de bureaux de proximité, du café, du train, ou de n’importe où.

    Au passage, petite correction, nous somme tous les deux aux USA, Bruno et moi, mais continuons à être e-organisés comme avant (on ne peut plus revenir en arrière quand on y a pris goût, c’est une question de liberté), et la dizaine de collaborateurs avec qui nous travaillons sur Netcipia sont répartis entre les USA, la France, Haïti et très bientôt l’Inde, et nous travaillons de manière tout aussi efficace que si nous étions en open space, grâce à notre expérience en la matière et grâce à l’usage intensif des nouvelles technos (en particulier Skype pour la communioation/collaboration synchrone et Netcipia pour la collaboration/participation asynchrone).

    J’avais également rédigé il y a quelques mois un billet suite à la révolution majeure qui a lieu actuellement dans la Silicon Valley en terme de Wifi gratuit et la prise de conscience des individus et des collectivités qui l’accompagne concernant les impacts organisationnels, et donc la mobilité au premier chef. Je pense qu’il est intéressant à mettre en perspective de ce rapport : http://membrado.blogs.com/thoughts/2006/06/wifi_gratuit_dc_1.html

    Merci aussi à Nicole de rappeller cette réalité tristement française : une rigidité et une crainte du changement organisationnel qui freinent toute avancée. C’est tout un système et des mentalités qu’il faut chambouler.

    Mais là, par contre, je crois beaucoup dans les nouvelles générations et dans l’élan social du Web 2.0 pour venir taper dans la fourmilière. Ce qui se passe actuellement dans le web 2.0 n’est pas une (r)évolution technique, c’est une (r)évolution sociale majeure, et il se trouve qu’une partie de la France en est motrice ! Donc il y a un grand espoir de renouveau dans les mois et années à venir 🙂

    Et du coup, pour conclure ce long commentaire (désolé mais j’ai tellement de choses à dire dans ce domaine…) bien que ce rapport soit documenté, intéressant et énonce des faits justes, je suis très déçu en fait d’y retrouver un état des lieux quasimment identique à tous ceux faits depuis des années en France, alors que le monde est en train de changer radicalement depuis un an, ce dont il n’est absolument pas fait mention !

    Aucune mention de la vague participative majeure à laquelle on assiste, aucune mention de l’émergence phénoménale des réseaux sociaux qui est en train de chambouler l’interaction professionnelle et privée, aucune mention de la portée du wifi gratuit, aucune mention de l’impact majeur du blog et des wikis en terme de collaboration, alors que c’est ce qui va enfin permettre une adoption massive de ces outils par les utilisateurs (impossible jusqu’à présent avec les outils traditionnels), et qui va donc avoir pour conséquence finale de modifier par la base les organisations du travail et imposer à leurs hiérarchies la mobilité inhérente qui en découle !

    C’est tout ça qu’il faudrait promouvoir, car en fait parler de télétravail est depuis longtemps devenu complètement « ringard », en cela le titre est juste. Mais le rapport lui-même ne parle finalement que de ce télétravail d’antan, pas des vrais changements organisationnels qui déboulent 🙁

  6. Le Télétravail, 10 ans après…
    En 1996 était publié chez Nathan « Le télétravail, vers l’entreprise de demain » écrit sur mes heures gagnées après que j’eus moi-même négocié avec mon entreprise ce mode d’organisation. 10 ans plus tard, alors qu’entre temps j’ai quitté ce groupe après une fusion acquisition (qui donna naissance à Atos) pour créer mon entreprise, le Télétravail reparaît, cette fois chez Demos et avec pour sous-titre « l’entreprise en réseau est avancée. »

    Au niveau du contenu, rien de radicalement nouveau sinon un travail d’actualisation et surtout le récit de quelques expériences vécues qui permettent de mesurer les progrès du phénomène mais aussi et encore les réticences dont il fait l’objet de la part de ceux qui n’ont finalement pas intérêt à ce qu’une réflexion plus profonde soit engagée sur l’organisation du travail en général et sur la répartition des fruits d’une meilleure productivité en particulier.

    Car si le modèle de l’entreprise est réputé avoir changé, les mentalités n’ont, elles, pas encore suivi tant chez les dirigeants d’entreprise que chez leurs salariés, sans parler des partenaires sociaux… D’où une situation de blocage qui, d’une part, voit la démotivation desdits salariés s’amplifier et, d’autre part, oblige les dirigeants à souvent préférer les solutions que semblent leur dicter de façon inéluctable une concurrence désormais mondiale : externalisation, offshoring, nearshoring, homeshoring…

    Quant aux politiques, à quelques brillantes exceptions près, les initiatives qu’ils tentent d’encourager soit dans leur circonscription, soit via les actions de la DIACT (ex Datar) manquent d’imagination et ne sont pas à la hauteur du problème posé depuis longtemps par la désertification de nos belles campagnes et les déséquilibres qui en résultent. Ne parlons pas de ces maires de nos bourgades et villages saisis de pavillonite aigue, au risque de massacrer ce qui pourrait encore être sauvé et l’est parfois, mais par nos amis Anglais le plus souvent… Car eux ont compris l’intérêt de télétravailler… en France.

    Rien de nouveau sous le Télétravail ? Et pourtant, à lire la Presse, le phénomène garde son éternel jeunesse… N’est-ce pas finalement cet éternel recommencement qui en fait le charme ?

  7. Pas tout à fait d’accord Patrick : il y a beaucoup de nouveau sous le soleil.

    Certes, les rapport publics pleuvent et se ressemblent tous plus ou moins depuis le rapport de 1996. Les conceptions de la Diact/Datar datent et sentent bon la télématique.

    Les utilisateurs se débrouillent tous seuls pour travailler à distance en mettant à profit le Web et les nouveaux outils collaboratifs (souvent gratuits) qui commencent avec la téléphonie sous IP, le mail, le chat, les webcam et toutes les plateformes du marché.

    A condition de disposer de réseaux de qualité.

    Là où cela devient ennuyeux, c’est quand les élus ne comprennent pas le rôle qu’ils peuvent jouer dans l’aménagement en infrastructures de très haut débit.

    Et c’est aussi quand des managers ne comprennent pas les atouts que peuvent retirer leurs entreprises de ce mode d’organisation de travail à distance.

    Je continue à me demander si le mot « télétravail » n’est pas un obstacle à la perception des vrais enjeux de la e-collaboration…

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